KULLERVO

Kullervo, Kalervon poika,
Tempasi terävän miekan,
Katselevi, kääntelevi,
Kyselevi, tietelevi;
Kysyi mieltä miekaltansa,
Tokko tuon tekisi mieli
Syöä syyllistä lihoa,
Viallista verta juoa ?

Miekka mietti miehen mielen,
Arvasi uron pakinan,
Vastasi sanalla tuolla:
"Miks' en söisi mielelläni,
Söisi syyllistä lihoa,
Viallista verta joisi?
Syön lihoa syyttömänki,
Juon verta viattomanki."

Kullervo, Kalervon poika,
Sinisukka äijön lapsi,
Pään on peltohon sysäsi,
Perän painoi kankahasen,
Kären käänti rintahansa,
Itse iskihe kärelle
Siihen surmansa sukesi,
Kuolemansa kohtaeli.
Se oli surma nuoren miehen,
Kuolo Kullervo urohon,
Loppu ainakin urosta,
Kuolema kovaosaista.

 

KULLERVO

Kullervo, fils de Kalervo,
prend l'épée tranchante à son poing,
la tourne en main, la lorgne en paume,
il lui chuchote sa demande.
Il mande l' avis de l' épée,
aurait-elle envie par hasard
de croquer dans la chair fautive,
de laper le sang malfaisant ?

Lors l' épée songe à ses paroles,
elle pense aux motsdu gaillard.
Puis elle entame sa réponse:
"Pourquoi n' aurais-je guère envie
de croquer dans la chair fautive
et laper le sang du méchef?
Je croque bien la chair naïve,
le sang pur à pleines lamées."

Kullervo, fils de Kalervo,
chausse bleue, l' enfant du tonnerre,
fiche le pommeau dans le champ,
la garde enfoncée dans la lande,
tournant la pointe vers sa gorge,
il se jette à coeur sur la pointe.
Il s'ouvre ainsi pour le trépas,
les bras déployés vers la mort.
C'était la mort de l' homme jeune,
et le trépas de Kullervo,
il a trouvé sa fin dernière,
la malemort des gens de guigne.